Jeudi 26 juillet 2012 – Ramonville
Julien,
Les lettres manuscrites sont
déjà un «objet historique ou anachronique» et une «résurgence
du romantisme». Il y a déjà toute une génération qui a appris à
écrire sur un clavier, nous sommes la génération stylo bic, avant
nous c’était le porte-plume, etc. Ton écriture est influencée
par les conventions typographiques depuis que tu as appris à lire
dans des livres et non pas d’après d’autres écritures à la
main. Pour moi il n’y a pas de hiérarchie entre les supports,
qu’ils soient numériques ou, disons, physiques, et aucun des deux
n’est immatériel. Je ne peux pas penser qu’une feuille de papier
A4 + un stylo soit plus matériels qu’un ordinateur, un écran, un
clavier et les milliards de câbles qui forment le réseau internet.
La seule communication véritablement instantanée que je connaisse
est la télépathie, mais je t’avoue que j’ai encore quelques
difficultés avec ça. On peut très bien parler d’écriture
manuscrite en tapant au clavier (qui est par ailleurs un geste non
dépourvu d’une certaine richesse, faut voir les tendinites que se
tapent les secrétaires), chaque lettre de typo a été dessinée à
la main au départ.
Tout ça pour dire qu’à mes yeux, il
n’y a aucune différence entre une lettre, un mail ou un sms. Tout
n’est qu’affaire d’organisation du blanc autour des mots. On
interroge pas le mode de communication mais plutôt ce que peut
produire un échange comme le nôtre. Le fait que les lettres passent
entre des mains étrangères m’intéresse plus que le temps que met
la lettre à arriver. Bien sûr il va falloir bien réfléchir à la
retranscription de ce travail mais en tout cas je ne complexe pas sur
le romantisme de nos jolies petites écritures.
P.S.
: Quand tu dis que tu emportes mes mouvements avec les tiens et que
je parle avec ta voix... Dommage qu’il n’y ai plus de place sur
la page pour en parler. À
suivre.
À
toi, Leslie.