17 nov. 2012

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À Léon,
Le 16 juillet 2012,

Leslie,
J’ai décidé de joindre à cette lettre mes deux premières pages de lettres, et d’autres suivront, afin que tu puisses suivre mon apprentissage sur trois niveaux :
- Le premier est celui du “moyen sans fin”, c’est-à-dire l’entraînement du tracé des lettres
- Le second est cette missive, en l'occurrence l’application et une des visées de l’entraînement
- Le troisième, c’est d’un côté la situation spatiale et temporelle de l’exercice, deuxièmement, cette page ainsi que le verso de mes pages de lettres où il y a autant de dessins que, prochainement, des prises de notes.
Je te parlais l’autre jour de l’importance de mon volume d’eau dans l’évier de ma plonge. J’ai commencé à écrire dessus et je pense à une performance en lien avec ce geste, qui “mimerait” cette activité, la viderait de son sens en appuyant sur un remplissage/vidage récurrent, dont la fréquence serait une moyenne de l’espace-temps entre deux remplissages en conditions réelles. Si l’abri, selon cette découverte parue dans le dernier “Sciences&Vie”, serait le premier lieu de l’art, on peut penser que l’espace habité, domestique, privé ou bien le lieu de travail, est l’espace d'émergence de l’idée, du désir poétique, du geste sans portée, dont lui est retirée une opérativité. Je ne mets pas de hiérarchie entre art et domestique, je cherche davantage une équivalence, c’est pour cela que je trouve très difficile de capter le déplacement juste pour ne pas rendre trop artistique, afin de rester au plus proche du geste nu, de ce qu’il est, sans en faire de théâtralité ou un spectacle. Je veux continuer de penser à cette idée de blog de respiration, le souffle étant la première façon, le premier geste d’un habité, la première marque d’une harmonie et d’une adéquation avec l’habitat qu’est le monde.

À très vite, Julien