À Léon,
Le 16 juillet 2012,
Leslie,
J’ai décidé de joindre à cette lettre mes deux
premières pages de lettres, et d’autres suivront, afin que tu
puisses suivre mon apprentissage sur trois niveaux :
- Le premier est celui du “moyen sans
fin”, c’est-à-dire l’entraînement du tracé des lettres
- Le second est cette missive, en l'occurrence l’application et une des visées de l’entraînement
- Le troisième, c’est d’un côté la
situation spatiale et temporelle de l’exercice, deuxièmement,
cette page ainsi que le verso de mes pages de lettres où il y a
autant de dessins que, prochainement, des prises de notes.
Je te parlais l’autre jour de l’importance de mon
volume d’eau dans l’évier de ma plonge. J’ai commencé à
écrire dessus et je pense à une performance en lien avec ce geste,
qui “mimerait” cette activité, la viderait de son sens en
appuyant sur un remplissage/vidage récurrent, dont la fréquence
serait une moyenne de l’espace-temps entre deux remplissages en
conditions réelles. Si l’abri, selon cette découverte parue dans
le dernier “Sciences&Vie”, serait le premier lieu de l’art,
on peut penser que l’espace habité, domestique, privé ou bien le
lieu de travail, est l’espace d'émergence de l’idée, du désir
poétique, du geste sans portée, dont lui est retirée une
opérativité. Je ne mets pas de hiérarchie entre art et domestique,
je cherche davantage une équivalence, c’est pour cela que je
trouve très difficile de capter le déplacement juste pour ne pas
rendre trop artistique, afin de rester au plus proche du geste nu, de
ce qu’il est, sans en faire de théâtralité ou un spectacle. Je
veux continuer de penser à cette idée de blog de respiration, le
souffle étant la première façon, le premier geste d’un habité,
la première marque d’une harmonie et d’une adéquation avec
l’habitat qu’est le monde.