17 nov. 2012

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Le 20/07/2012, Léon

Leslie,
à propos de ton geste graphique, tu parles d’une “confiance sûre et lisse”, d’”une simplicité” que tu dois maintenant déplacer. Ton geste, en particulier celui de la série des terrains, est devenu un habitus qui est malgré tout chargé de toute ton attention, et ce geste, il serait intéressant de le déplacer vers ton activité actuelle, comment déplacer ton geste extrêmement physique vers un support virtuel puisque tu dis que c’est un geste émancipé de tout support. Faire et ne pas faire sont devenus “équivalents”. Le support virtuel est intéressant car il annule en quelque sorte l’idée d’un geste graphique tracé manuellement, obstrué par les nombreuses interfaces, tu seras alors face à un nouveau rapport au geste. Je pensais au fait qu’en ce moment tu es dans une nouvelle phase d’apprentissage pour ton travail avec ton père, peut-être, à chaque nouvelle commande, qui va en même temps chez toi commander un nouveau geste, devrais-tu en parallèle développer un “projet” personnel qui t’aiderait sans doute à intégrer plus rapidement les nouvelles techniques et pourquoi pas sortir ton épingle du jeu comme on dit.
Je ne pensais pas que mon exercice d’écriture, de tracé, allait à ce point m’entraver. Ça devient un peu plus compliqué de développer une idée, car je dois simultanément réfléchir activement à mon geste. Je me demande où est le contenu de cette page, le fond et la forme s’entrelacent car il y a une égalité d’attention. Je crois que je te livre avant tout une empreinte, l’évolution d’une empreinte. J’aime l’idée que tu sois le destinataire privilégié de la nouvelle musculature de mon bras gauche en train de se faire, et ça me demande une énergie que je ne soupçonnais pas. J’ai alors l’impression que chaque nouvelle lettre est un nouveau tableau, est davantage une image qu’autre chose.
Le message destiné est une forme.
À toi, Julien