Le 20/07/2012, Léon
Leslie,
à
propos de ton geste graphique, tu parles d’une “confiance sûre
et lisse”, d’”une simplicité” que tu dois maintenant
déplacer. Ton geste, en particulier celui de la série des terrains,
est devenu un habitus qui est malgré tout chargé de toute ton
attention, et ce geste, il serait intéressant de le déplacer vers
ton activité actuelle, comment déplacer ton geste extrêmement
physique vers un support virtuel puisque tu dis que c’est un geste
émancipé de tout support. Faire et ne pas faire sont devenus
“équivalents”. Le support virtuel est intéressant car il annule
en quelque sorte l’idée d’un geste graphique tracé
manuellement, obstrué par les nombreuses interfaces, tu seras alors
face à un nouveau rapport au geste. Je pensais au fait qu’en ce
moment tu es dans une nouvelle phase d’apprentissage pour ton
travail avec ton père, peut-être, à chaque nouvelle commande, qui
va en même temps chez toi commander un nouveau geste, devrais-tu en
parallèle développer un “projet” personnel qui t’aiderait
sans doute à intégrer plus rapidement les nouvelles techniques et
pourquoi pas sortir ton épingle du jeu comme on dit.
Je ne pensais pas que mon exercice d’écriture, de
tracé, allait à ce point m’entraver. Ça devient un peu plus
compliqué de développer une idée, car je dois simultanément
réfléchir activement à mon geste. Je me demande où est le contenu
de cette page, le fond et la forme s’entrelacent car il y a une
égalité d’attention. Je crois que je te livre avant tout une
empreinte, l’évolution d’une empreinte. J’aime l’idée que
tu sois le destinataire privilégié de la nouvelle musculature de
mon bras gauche en train de se faire, et ça me demande une énergie
que je ne soupçonnais pas. J’ai alors l’impression que chaque
nouvelle lettre est un nouveau tableau, est davantage une image
qu’autre chose.
Le message destiné est une forme.