Vendredi 20 juillet 2012 – Ramonville
Cher
Julien,
Depuis mon retour chez mes
parents, la plupart de mes idées sur le dessin me semblent vraiment
fermées. Je pense à poursuivre les projets laissés en plan ou à
reprendre les sujets qui m’ont intéressé pendant l’année pour
les pousser plus loin. Lorsque je suis arrivée à Bruxelles, juste
après la 3e année, je ressentais ce même «blocage». Je sais que
je ne supporte pas la production pour la production. Aussi, depuis
mon retour, je ne dessine plus. Ce qui m’avait aidé il y a
deux ans avait été (consciemment ou pas) de réfléchir
à l’état de mon déplacement davantage qu’à mes envies de
dessiner.
Quel
est aujourd’hui l’état de mon déplacement ? Je crois qu’il ne
saurait être plus statique. Pour commencer je suis revenue à mon
point de départ, ou plutôt d’origine. Aucun projet ne me tire en
avant, pas de propension à un recommencement. Peut-être est-ce le
moment de repenser à l’idée du «déplacement vertical», celui
qui se fait dans les allers-retours entre mémoire et oubli par
exemple. Le lieu que j’occupe est chargé d’un intense habité,
il est comme un point
qui pèse, qui m’encombre. J’effectue un travail de tri, de
rangement, de classement. En fait, il n’y a besoin de rien de plus.
Aucune nécessité à ajouter ; et donc à produire de l’image.
Comment me mouvoir dans tout cela sans déplacement ? Quelle est la
part de mouvement dans cette immobilité ? Est-ce qu’il ne s’agit
plus que de déplacer les choses autour de moi ? Ne s’agit-il que
de «penser/classer» ? J’aimerais savoir comment ménager un
nouveau terrain d’expérience. Les lettres que nous échangeons
sont le seul terrain propice à cette réflexion.
À
bientôt,
Leslie.