17 nov. 2012

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Vendredi 20 juillet 2012 – Ramonville

     Cher Julien,
     Depuis mon retour chez mes parents, la plupart de mes idées sur le dessin me semblent vraiment fermées. Je pense à poursuivre les projets laissés en plan ou à reprendre les sujets qui m’ont intéressé pendant l’année pour les pousser plus loin. Lorsque je suis arrivée à Bruxelles, juste après la 3e année, je ressentais ce même «blocage». Je sais que je ne supporte pas la production pour la production. Aussi, depuis mon retour, je ne dessine plus. Ce qui m’avait aidé il y a
deux ans avait été (consciemment ou pas) de réfléchir à l’état de mon déplacement davantage qu’à mes envies de dessiner.
Quel est aujourd’hui l’état de mon déplacement ? Je crois qu’il ne saurait être plus statique. Pour commencer je suis revenue à mon point de départ, ou plutôt d’origine. Aucun projet ne me tire en avant, pas de propension à un recommencement. Peut-être est-ce le moment de repenser à l’idée du «déplacement vertical», celui qui se fait dans les allers-retours entre mémoire et oubli par exemple. Le lieu que j’occupe est chargé d’un intense habité, il est comme un point qui pèse, qui m’encombre. J’effectue un travail de tri, de rangement, de classement. En fait, il n’y a besoin de rien de plus. Aucune nécessité à ajouter ; et donc à produire de l’image. Comment me mouvoir dans tout cela sans déplacement ? Quelle est la part de mouvement dans cette immobilité ? Est-ce qu’il ne s’agit plus que de déplacer les choses autour de moi ? Ne s’agit-il que de «penser/classer» ? J’aimerais savoir comment ménager un nouveau terrain d’expérience. Les lettres que nous échangeons sont le seul terrain propice à cette réflexion.

     À bientôt,
Leslie.