Mercredi 01 août 2012 – Ramonville
Cher
Julien,
Aujourd’hui,
je commence à mesurer, non sans une certaine angoisse qu’il est
très difficile de maintenir une activité artistique quotidienne
lorsque l’essentiel des journées est nécessairement occupé par
autre chose. Voilà qui va certainement constituer le plus grand
changement d’avec les cinq années écoulées. La passion ne
manquera jamais, c’est évident, ni l’intérêt, mais le
courage... la rigueur, voilà ce qui est difficile à entretenir. Et
pourtant, comme l’a écrit cette chère Huguette de Broqueville :
«la plus grande liberté naît de la plus grande rigueur». C’est
pourquoi j’ai hâte de reprendre un réel entraînement sportif. Le
seul moment où, en faisant tout autre chose et en pensant à ce
qu’est cet autre chose, je pense à ce qui est relatif à ma
pratique. À
force de dessiner des terrains de sport, des piscines, j’en ai
presque oublié que tout ça vient d’une pratique (qu’importe
qu’elle soit modeste, et tant mieux d’ailleurs si elle l’est).
C’est dans l’entraînement qu’on éprouve le développement
d’un geste, comme tu le montres d’ailleurs par tes exercices
d’écritures. À
ce propos, es-tu déjà repassé, ne serait-ce qu’une fois, à ton
écriture «normale» (habituelle) depuis que tu as débuté ton
protocole ? à
quel moment l’altération devient-elle elle même habitude ?
J’ai eu à peine le temps
de penser aujourd’hui et ça m’a un peu effrayée. Est-ce que je
vais réussir à gérer tout ça ? Est-ce que je perd mon temps ?
Comment ménager une nouvelle propension? J’aimerais repartir en
voyage, en déplacement. Malheureusement, il faudra que je me
contente pour le moment de voler des minutes, et peut-être parfois
quelques heures à l’étouffant emploi-du-temps que je subis à
partir de dorénavant.
Vraiment à toi, Leslie.