17 nov. 2012

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Mercredi 01 août 2012 – Ramonville

     Cher Julien,

    Aujourd’hui, je commence à mesurer, non sans une certaine angoisse qu’il est très difficile de maintenir une activité artistique quotidienne lorsque l’essentiel des journées est nécessairement occupé par autre chose. Voilà qui va certainement constituer le plus grand changement d’avec les cinq années écoulées. La passion ne manquera jamais, c’est évident, ni l’intérêt, mais le courage... la rigueur, voilà ce qui est difficile à entretenir. Et pourtant, comme l’a écrit cette chère Huguette de Broqueville : «la plus grande liberté naît de la plus grande rigueur». C’est pourquoi j’ai hâte de reprendre un réel entraînement sportif. Le seul moment où, en faisant tout autre chose et en pensant à ce qu’est cet autre chose, je pense à ce qui est relatif à ma pratique. À force de dessiner des terrains de sport, des piscines, j’en ai presque oublié que tout ça vient d’une pratique (qu’importe qu’elle soit modeste, et tant mieux d’ailleurs si elle l’est). C’est dans l’entraînement qu’on éprouve le développement d’un geste, comme tu le montres d’ailleurs par tes exercices d’écritures. À ce propos, es-tu déjà repassé, ne serait-ce qu’une fois, à ton écriture «normale» (habituelle) depuis que tu as débuté ton protocole ? à quel moment l’altération devient-elle elle même habitude ?
    J’ai eu à peine le temps de penser aujourd’hui et ça m’a un peu effrayée. Est-ce que je vais réussir à gérer tout ça ? Est-ce que je perd mon temps ? Comment ménager une nouvelle propension? J’aimerais repartir en voyage, en déplacement. Malheureusement, il faudra que je me contente pour le moment de voler des minutes, et peut-être parfois quelques heures à l’étouffant emploi-du-temps que je subis à partir de dorénavant.
Vraiment à toi, Leslie.