17 nov. 2012

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Léon, 12/07/2012, 14h10

      Leslie,
     En préambule je voulais dire que je trouve ça intéressant que ce soit toi qui me fournisse le papier de mes réponses, tu me donne le droit de réponse en quelque sorte, je reste alors systématiquement dans l’attente. Mon expression dépend de la tienne, ça me rappelle le mythe d’Echo, qui ne peut parler qu’en répétant ce que les autres disent, toi tu me fournis le terrassement de mon langage, ta parole crée mon espace de espace de parole, c’est beau je trouve.
     Le geste qui s’est présenté à moi pour une expérience d’immersion consciente, c’est mon écriture. J’écris chaque lettre en prenant mon geste habituel à l’envers. Tu es en face d’un tracé réfléchit et non automatique.
Les boucles comme les “e” ou les “o”, “a”, viennent facilement mais les “t”, “d”, ou encore les “b” sont difficiles, sans parler des “f” = èph. Pour faire évoluer mon écriture autrefois je regardais l’écriture de mes profs au tableau, depuis le lycée, ma graphie a très peu changé. Mais là, commence à s’opérer un changement motivé et inventé de façon endogène. Je peux déjà sentir que certaines lettres sont plus belles et d’autres n’ayant que les qualités de l’expérience, elles sont arides, sans fluidité, aussi je m’excuse si la lecture est pénible, j’espère à la prochaine lettre avoir évolué dans mon apprentissage que je te propose de suivre. “Il en est des départs comme des retours, ce n’est qu’en commençant à faire quelque chose qu’on saisit le poids de ce qui est déjà terminé.” J’expérimente un “porter-sur-soi”.
J’aiguise une attention, je trace un processus qui en est le carburant, je crée sans doute aussi de nouvelles connexions neuronales et au moins un nouveau muscle dans le bras au passage. Je m’aperçois de l’envergure des conséquences de l’exercice et de son support, l’écriture, forme dessinée du langage, matérialisation de la pensée. L’exercice a t-il une influence sur ma façon de réfléchir ?

Merci, Julien