18 nov. 2012

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04/08/2012
Léon,

     Ma chère Leslie,
    Quel temps pour nous ? Pour le travail et pour penser ? Hier je me disais que je n’avais pas fini mes études, mais uniquement mes études “assistées”, parce qu’en soi, je ne compte jamais arrêter d’étudier, mais désormais j’ai largué les propulseurs. C’est comme conduire la première fois sans le moniteur, on doit se rappeler tout ce qu’on a appris mais se l’approprier, le faire sien dans notre nouveau temps. C’est angoissant, ça c’est sûr. Ici, en saison, c’est compliqué, malgré les pauses l’après-midi, le travail est omniprésent, je crois que, de retour à Bordeaux, je vais éviter les boulots en restau, c’est trop englobant, ça casse le rythme de la vie privée. J’ai besoin de plus en plus de ne plus laisser les choses se faire et s’écouler, je ressens le besoin d’y mettre un contrôle intellectuel, de me sentir à l’aise dans un environnement et une activité et faire en sorte que mon cerveau fonctionne bien, fonctionne tout le temps. J’aimerais avoir la même réactivité intellectuelle que pendant et juste après la rédaction du mémoire, j’aimais ce sentiment d’être oxygéné, d’être en mesure d’interpréter le monde et alors de s’y sentir bien. Être ininquiété, et pour l’être, il faut comprendre, la peur naît de l’incompréhension, d’une non adhérence sur les choses. Ce sentiment d’angoisse que je ressens est dû à l’urgence de penser dans laquelle je me mets, il faut que j’arrive à comprendre que le temps du projet, du travail, arrivera bientôt et que pour le moment, je mets en place ma future liberté.
Ne t'inquiètes pas, nous allons vite respirer. J’ai hâte de respirer avec toi.
À toi Leslie, Julien