04 juillet 2012 – Ramonville
Mon Cher
Julien,
Voilà comment commence notre correspondance, par une
réflexion sur la construction et l’organisation. Depuis mon
arrivée chez mes parents hier, me voilà propulsée dans un flot de
problèmes d’agencements. Une maison pleine et une maison vide.
L’objectif est qu’elles soient toutes deux mi-pleines et
fonctionnelles. Mais par quel bout commencer ? Chaque mouvement
semble soulever une montagne de questions qui sont autant de
blocages.
Aujourd’hui je décide de mettre en place mon espace de
travail. Pour cela je dois transporter la fonction salon (les
meubles) vers le lieu salon (la pièce vide). La pièce vidée
deviendra mon bureau.
Par ailleurs, j’ai également enclenché un autre
chantier : ma chambre. Pour pouvoir y ranger mes affaires, je dois
d’abord la vider de ce qui s’y trouve déjà, à savoir toute
l’archéologie de mon adolescence. Là, on est dans un
franchissement émotionnel, sentimental par le vide. On est pas dans
le Penser/Classer on est dans le ... délestement ! Le faire-place.
Du coup je me dis que le délestement est une question beaucoup plus
mentale que matérielle. C’est surtout des capacités d’attention
qu’on débarrasse.
Je suis en ce moment dans cet espèce de mouvement continu de déplacement. Mais cette fois-ci, je ne déplace pas mon corps, ou ma capacité à saisir les choses. Je me déplace comme un outil de classement de charge, de décharge. Aller-retour entre archivage et oubliettes. Ce n’est pas moi qui bouge, c’est mon espace qui vibre, vrombit autour de moi, à travers moi.
Je suis en ce moment dans cet espèce de mouvement continu de déplacement. Mais cette fois-ci, je ne déplace pas mon corps, ou ma capacité à saisir les choses. Je me déplace comme un outil de classement de charge, de décharge. Aller-retour entre archivage et oubliettes. Ce n’est pas moi qui bouge, c’est mon espace qui vibre, vrombit autour de moi, à travers moi.
Face à cette extrême densité des choses, le lieu où tu
te trouves me paraît vide et attirant comme la maison d’à côté.
Tout ce que tu fais est nouveau et tu peux te permettre de remplir
les choses. Tu peux ménager des espaces, des temps. Moi j’ai
l’impression que tout mon corps résonne du clinquement,
froissement, éternuement, dégringolement, entassement de tout ce
poids que je porte, pose, porte, pose, porte, pose et qui continue de
se déplacer dans ma tête même lorsque mes mains sont vides.
Je trouve nos deux situations à propos de certains
questionnement sur la pesanteur, et la capacité physique et mentale
de disposer de ses gestes, très différentes et intéressantes.
Leslie.