17 nov. 2012

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Dimanche 29 juillet 2012 – Roquebrune

     Julien,

     J’ai envie de revenir sur l’idée du dessin. Tu sais que je cherche à établir des connexions entre l’écriture et le dessin, ces lettres sont une manière d’y réfléchir, de travailler une graphie. Mais il ne faut pas dire que ce que nous écrivons est du dessin, il ne suffit pas de donner le même nom à deux choses différentes pour les rendre comparables. Je pense qu’il faudrait former un vocabulaire spécial à partir de ce qui nous évoque le dessin dans ce projet d’écriture. Le mot d’exercice me convient bien car il évoque la répétition, l’apprentissage et aussi un peu le moyen sans fin. J’aime bien le mot «style» comme je l’ai déjà évoqué. C’est un mot compliqué qui peut faire un peu peur car il renvoie au geste singulier de l’artiste (la patte!) à l’originalité ou encore au goût, et tout cela me semble assez éloigné de nos considérations sur le quelconque, par exemple. Pourtant le style m’intéresse car j’y vois un renfermement sous-jacent d’un certain nombre d’idées de «porter-sur-soi», comme la mémoire, l’apprentissage, l’arpentage. Un style est la constante restructuration de données immatérielles et ce qui me plaît dans notre projet est que ce style est construit à deux (se construit à deux), autant dans le vocabulaire qui se complexifie un peu plus à chaque emploi que dans l’espace occupé par le texte dans la page (chaque lettre est une propension à suivre ou non). Vocabulaire et graphie. Ça fait un moment que j’ai envie de faire du dessin de lettre, de dessiner des textes sur des vêtements. J’aimerai bien dessiner le sweat RTN avec un cadrage juste sur les lettres.
Remarque, «dessin de lettres», ça peut être une formule à fouiller relativement à notre projet, on évacuerait ainsi le côté trop personnel de l’écriture manuscrite vers celui plus codé de la typographie. Car chaque typographie a certes un auteur mais est ensuite livrée à la disponibilité de chacun et est donc quelconque... telle une AnnLee!  
À toi, Leslie.