Léon, le 11 août 2012
Leslie,
Comme tu as pu t’en apercevoir, j'alterne entre écriture “normale”, acquise, et celle-ci, qui
fait partie de mon entraînement, un nouvel apprentissage. Mon
écriture habituelle est bien pratique pour écrire beaucoup et
développer une idée; celle-ci, douloureuse au poignet est, je
trouve, beaucoup plus belle. Les lettres sont plus grosse, plus
rondes, la “classique” est plus en bâtonnets et pattes de
mouches. Ces
allers-retours me servent à vérifier si, quand je ne m’en sert
pas, mon écriture normale et maîtrisée, non pensée, continue
d’évoluer. Parce que je guette alors chaque nouvelle graphie qui se
présente à moi pour essayer de m’approprier de nouvelles formes,
comme tes “j” par exemple que je trouve très beau et qui me
rappelle l’écriture “liée” que j’avais encore au collège.
L’été, depuis que je fais des boulots
saisonniers, je lis quasiment rien, hormis un ou deux romans en deux
mois, mais la théorie devient très dure, trop d’intermittences
entre deux séances de lecture. Mais l’été devient alors une
période d’expérimentations qui souvent me suivent les huit mois
suivants, comme “Première mise en place” l’an passé a guidé
dès janvier une réflexion sur les subalternes et leurs activités
discrètes. Comment alors cette correspondance, cette écriture, les
réflexions abordées ensemble et individuellement vont-elles
influencer ma pratique ces prochains mois, à mon retour ?
L’écriture, l’acte poétique, le
dessin, étaient des pratiques auxquelles je souhaitais revenir
depuis longtemps et je suis heureux car de plus en plus c’est ce
qui habite mes questions, comment faire de l’ici et maintenant un
contenu et une forme poétique ? Il me semble déjà être en train
d’y répondre.
À
toi, Leslie (Julien)