18 nov. 2012

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Léon, le 11 août 2012

     Leslie,
    Comme tu as pu t’en apercevoir, j'alterne entre écriture “normale”, acquise, et celle-ci, qui fait partie de mon entraînement, un nouvel apprentissage. Mon écriture habituelle est bien pratique pour écrire beaucoup et développer une idée; celle-ci, douloureuse au poignet est, je trouve, beaucoup plus belle. Les lettres sont plus grosse, plus rondes, la “classique” est plus en bâtonnets et pattes de mouches. Ces allers-retours me servent à vérifier si, quand je ne m’en sert pas, mon écriture normale et maîtrisée, non pensée, continue d’évoluer. Parce que je guette alors chaque nouvelle graphie qui se présente à moi pour essayer de m’approprier de nouvelles formes, comme tes “j” par exemple que je trouve très beau et qui me rappelle l’écriture “liée” que j’avais encore au collège.
     L’été, depuis que je fais des boulots saisonniers, je lis quasiment rien, hormis un ou deux romans en deux mois, mais la théorie devient très dure, trop d’intermittences entre deux séances de lecture. Mais l’été devient alors une période d’expérimentations qui souvent me suivent les huit mois suivants, comme “Première mise en place” l’an passé a guidé dès janvier une réflexion sur les subalternes et leurs activités discrètes. Comment alors cette correspondance, cette écriture, les réflexions abordées ensemble et individuellement vont-elles influencer ma pratique ces prochains mois, à mon retour ?
    L’écriture, l’acte poétique, le dessin, étaient des pratiques auxquelles je souhaitais revenir depuis longtemps et je suis heureux car de plus en plus c’est ce qui habite mes questions, comment faire de l’ici et maintenant un contenu et une forme poétique ? Il me semble déjà être en train d’y répondre.
À toi, Leslie (Julien)