17 nov. 2012

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À Léon,
le 21/07/2012

Leslie,
je crois que je commence à rattacher deux wagons de ma pratique : le geste, toute la part d’action et de saisie d’un “évènement”, et la part d’écriture. L’écriture que j’ai finalement utilisée, avec “Temps(s)”, comme une écriture performative, dans son aspect procédural, comme l’énoncé de ce qui est, bien que ce ne soit pas forcément performatif au sens juridique et linguistique. Ce qui m’intéresse avec le langage écrit, manuscrit, c’est la captation de toute la puissance du présent, des conditions spatiales et temporelles, que du support et tout particulièrement l’adresse, la faute, la rature, la négligence et l’intention.
J’ai tenté de déplacer mon geste de changement de graphie vers un autre format et je n’ai pas trouvé cela satisfaisant, en fait c’est vraiment à l’intérieur de ce A4 que exercice existe, et en t’étant adressé. Je pense que cette correspondance avec toi est responsable de cet exercice, elle me donne le terrain propice d’une vraie réflexion sur l’écriture, le dessin et l’évènement. Quelque chose d’aussi conceptuel, il n’y a qu’avec toi que je pourrais le faire.
Un jour, au CAPC, on se disait qu’on aimerait tous les deux faire du tissage, de la couture... Je me dis qu’aujourd’hui c’est ce que nous faisons, on entretient, on étire et densifions l’entrelacement qui nous réunit. Cet exercice gestuel auquel je me confronte plusieurs fois par jour est un rituel qui renforce le lien qui me tient à toi. Il y a un peu de ta main dans la mienne à chaque fois que j’écris.
À toi, Julien