À Léon,
le 21/07/2012
Leslie,
je crois que je commence à rattacher deux
wagons de ma pratique : le geste, toute la part d’action et de
saisie d’un “évènement”, et la part d’écriture. L’écriture
que j’ai finalement utilisée, avec “Temps(s)”, comme une
écriture performative, dans son aspect procédural, comme l’énoncé
de ce qui est, bien que ce ne soit pas forcément performatif au
sens juridique et linguistique. Ce qui m’intéresse avec le langage
écrit, manuscrit, c’est la captation de toute la puissance du
présent, des conditions spatiales et temporelles, que du support et
tout particulièrement l’adresse, la faute, la rature, la
négligence et l’intention.
J’ai tenté de déplacer mon geste de
changement de graphie vers un autre format et je n’ai pas trouvé
cela satisfaisant, en fait c’est vraiment à l’intérieur de ce
A4 que exercice existe, et en t’étant adressé. Je pense que
cette correspondance avec toi est responsable de cet exercice, elle
me donne le terrain propice d’une vraie réflexion sur l’écriture,
le dessin et l’évènement. Quelque chose d’aussi conceptuel, il
n’y a qu’avec toi que je pourrais le faire.
Un jour, au CAPC, on se disait qu’on
aimerait tous les deux faire du tissage, de la couture... Je me dis
qu’aujourd’hui c’est ce que nous faisons, on entretient, on
étire et densifions l’entrelacement qui nous réunit. Cet exercice
gestuel auquel je me confronte plusieurs fois par jour est un rituel
qui renforce le lien qui me tient à toi. Il y a un peu de ta main
dans la mienne à chaque fois que j’écris.
À
toi, Julien